TAG au Grand Palais

Non, on ne s’arme pas d’une bombe pour aller décorer les murs du Grand Palais restauré récemment, ce serait dommage hein!
Par contre on peut aller voir de ses propres yeux l’exposition T.A.G (Tag And Graff) qui regroupe 150 artistes graffeurs internationaux.

En effet, depuis le 27 Mars et jusqu’au 26 Avril, une salle du Grand Palais ouvre au public en exclusivité mondiale la collection créée à l’initiative d’Alain-Dominique Gallizia dans le but de garder une empreinte témoin historico-culturel indélébile de cet art de la rue.

Le principe de la « commande » du monsieur qui ne veut pas qu’on oublie ces expressions graphiques, la plupart du temps éphémères, effacées, recouvertes, détruites… : imposer aux 150 artistes 1 format – 2 toiles horizontales de 60 x 180 cm juxtaposées.
Deux toiles côte à côte pour 2 thèmes à rapprocher : leur signature d’artiste et l’amour.

Moi je vois ça comme une déclaration d’amour du collectionneur – si les 3 ans passés à regrouper ces 300 toiles n’était pas une preuve suffisante, mais aussi comme un message de chaque artiste pour dire que les taggeurs aiment l’art et que l’art les aime.

les toiles ont été pour la plupart réalisées dans l’atelier de ADG à Boulogne-Billancourt

Une jolie idée que de vouloir garder une trace immuable de ce mouvement à la vraie valeur artistique mais cette manière de ne pas être oublié n’est-elle pas antinomique à l’énergie de la rue?
Ces quelques centimètres de toiles bien rangées sont un recueil curieux pour un art qui revendique selon moi la liberté… C’est assez proche d’un zoo au final si vous voyez ce que je veux dire.

Une bonne initiative donc mais une concrétisation bien trop sage pour un art que j’aurais voulu voir dans son essence sauvage.
Il est certain que ces témoignages graphiques vont être aisés à stocker, car oui c’est la seule raison que je trouve à ce format, mais j’aurais voulu voir autre chose.

Quand on m’a parlé d’une exposition de graffitti au Grand Palais, j’ai tout de suite pensé à la grande nef. Je l’ai imaginée envahie de structures, de bouts de murs récoltés dans des chantiers, ou même pourquoi pas de toiles mais dans des formats libres, variés, du dessin de quelques centimètres à la fresque gigantesque.

Voilà ce que j’attendais, une expression « grande gueule » qui ose, qui crie à pleins poumons sa force graphique, son âme, qui sort ses tripes!
J’espérais une scénographie proche de celle de Dans la nuit, des images – une exposition courte mais bluffante de la fin d’année dernière (oui je n’ai jamais pris le temps d’en parler ici vue qu’elle était finie mais wahhh).

Forcément, je suis restée sur ma faim, certes interpellée par quelques toiles, à découvrir les différents styles et comprendre que je préfère quand le graf est très « construit » plutôt que free-style, à m’étonner des mélanges d’encre et de collages chez certains comme chez Rammelzee, à m’amuser sur les visions de l’amour d’autres comme Duster ou Kase 2, mais rien de plus…

Le choix scénographique ne m’a pas ému, même si je note l’effort du lieu assez intéressant par ses contrastes ainsi que la bande sonore en boucle des bruits de bombes secouées et peinture pulvérisée.
La juxtaposition des artistes, je pense sans logique particulière, a même failli me faire rater certaines toiles comme celles de Fridriks (oh tiens une fille!).

Une chose m’a plu par contre, la signalétique simple et efficace.

En bref, je pense que les connaisseurs seront heureux de voir tous ces artistes réunis dans une même dynamique, mais je persiste  dans l’idée que pour les novices comme moi le déplacement ne vaut pas vraiment le coup, mais c’est toujours mieux de juger par soi-même.

A refaire en + spectaculaire pliz!